§4: Une DS 1961 à la succursale de Lyon,
par le Dr Danche


Une fois arrivé à Lyon avec ma DS 1961, au delà de la petite photo de principe devant la façade, l'idée était bien de chercher à rentrer dedans.

Oui. Rentrer dans le garage, sous un prétexte ou un autre, pour pouvoir photographier la DS in situ, dans les rampes années 30 inscrites à l'inventaire supplémentaires des monuments historiques.

Tel était notre projet.

Nous étions 4 pour cette opération commando de nom de code "Typhon sur Lyon": moi au volant, Jérôme en photographe, Régis en facilitateur, et Gabriel (le fils de Régis) en touriste.

Notre facilitateur se présenta donc à l'accueil, où une discussion historique eut lieu.

-"bonjour. Avec des amis nous faisions le tour de la région en DS et.."

l'homme en salopette le coupa, blême.
"euh non moi je prends pas ça, hein"

- "non non elle marche, rassurez-vous. On aurait juste voulu la photographier dans le garage"

l'homme en salopette resta interdit puis articula péniblement: "mais enfin, pourquoi??"

 

Je ne sais pas ce que Régis raconta ensuite, mais il obtint au final un feu vert spontané et généreux ("si vous voulez mais faites pas chier ceux qui bossent!"), et, prévenu par Talkie-Walkie, j'entamai donc avec la DS le tour du batiment.

Il me fallait emprunter la porte de service, celle de l'atelier, qui s'ouvrit majestueusement à mon approche.

Une fois rentré, enhardi par cette sublime réussite, ma prise de vitesse joyeuse et soudaine surprit Jérôme qui flouta dans un juron.

Courant alors derrière moi, il me gesticula des signes obscurs, mais je m'arrêtai à l'entrée de la rampe. Il était juste temps.

Les Athéniens qui s'atteignirent, le soleil d'Austerlitz, les français qui parlent aux français, tout cela nous revenait en mémoire, car nous avions désormais rendez-vous avec l'histoire.: on allait peut être y passer la journée, mais on allait faire LA photo ultime de cette DS dans la rampe art déco.

A l'attaque, donc. Au frein à main, petit à petit, j'explorai chaque centimètre de la rampe tandis que Jérôme aiguisait son oeil Américain pour capter lignes et perspectives.

Ici surpris en pleine prise de vitesse, on distingue que le petit Gabriel était mon passager.
Et voici ma désormais immortelle arrivée à mi-hauteur; je chauffais un peu sous les ordres de Jérôme, intransigeant chef d'orchestre ne montrant aucun signe de pitié, ni pour les hommes, ni pour les mécaniques.

Arrivé tout en haut, Jérôme capta cette surprenante et inoubliable vue.

Messieurs, je vous le dis tout net, des photos comme ça, ça se vend! Et cher. Et pourtant celle-ci est entièrement gratuite pour les lecteurs du Dancho-journal, j'espère que vous mesurez le privilège.

La DS ayant quand même vraiment un peu chauffé, je réclamai un arrêt. Un contremaitre du cru arriva alors. Allait-il nous faire une remarque, un commentaire sur la rareté ou la beauté de notre engin?

Non: il nous ignora purement et simplement, et s'agita pour déplacer une C3.

Après le départ de l'homme, notre perplexité sur la relation de Citroën à son passé fut grande, et Jérôme flouta dans un juron.

Puis, laissant ce malheureux mécano à sa médiocrité et ses grilles de Keno, nous repartimes, et je me lançai alors dans une de ces périlleuses manoeuvres dont j'ai le secret.
Agile mais prudent, j'évite le poteau avec grâce... ... et je repars, toujours le pied sur le frein, parce qu'on ne sait jamais de quoi demain sera fait.
La mission était remplie, nous avions dans notre besace deux ou trois photos vraiment valables, et il était temps pour nous de dire au revoir à la succursale Citroën de Lyon, qui a donc revu une DS, j'espère avec un peu plus d'émotion que ses employés.

Mais d'ailleurs, une petite question: quand donc ce superbe écrin avait-il reçu des DS pour la dernière fois?

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